J'ai plusieurs obsessions,l'une d'elle étant Cyrano de Bergerac d' Edmond Rostand.
J'ai lu la pièce (de nombreuses fois) ,vu le film(avec Gerad Depardieu) et assisté à une représentation.
Je me suis attachée à ce personnage touchant qui a la particularité d'etre "nez" laid mais qui a hérité d' un esprit fabuleux, et d une verve exceptionnelle !
Cyrano aime en secret sa cousine Roxane qui est une précieuse mais qui n'a d'yeux que pour Christian qui lui est peut être beau mais sot!
Je connais l'histoire et certains monologues par coeur mais à chaque lecture je rêve secrètement que le récit va se modifier et que Roxanne va se rendre compte dès le départ que c'est cyrano qu'elle aime et qu'ils vivront heureux et auront beaucoup d enfants!
Je trouve Depardieu excellent dans ce rôle et je pleure systématiquement ,même après une trentaine de fois .
Mes yeux ont cependant refuser de pleurer une fois ,lors de la représentation théâtrale!
L'acteur qui interprétait Cyrano n'avait pas le charisme nécessaire pour jouer ce rôle et que dire de Roxanne qui affichait un sourire lors de la scène finale,le pire fut le moonwalk de la muse de Ragueneau,un sacrilège!
J'étais à deux doigts de me lever et de lui demander de s'excuser!
Je ne résiste pas a l'envie de partager ma scène préférée dans laquelle Cyrano clame si joliment son désir d'indépendance et de liberté :
CYRANO
Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s’en fait un tuteur en lui léchant l’écorce,
Grimper par ruse au lieu de s’élever par force ?
Non, merci. Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers ? se changer en bouffon
Dans l’espoir vil de voir, aux lèvres d’un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci. Déjeuner, chaque jour, d’un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? une peau
Qui plus vite, à l’endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ?…
Non, merci. D’une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l’autre, on arrose le chou,
Et donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir son encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci ! Se pousser de giron en giron,
Devenir un petit grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vieilles dames ?
Non, merci ! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant ? Non, merci !
S’aller faire nommer pape par les conciles
Que dans les cabarets tiennent des imbéciles ?
Non, merci ! Travailler à se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d’en faire d’autres ? Non,
Merci ! Ne découvrir du talent qu’aux mazettes ?
Être terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse : « Oh, pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François » ?…
Non, merci ! Calculer, avoir peur, être blême,
Préférer faire une visite qu’un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais… chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l’oeil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, – ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
À tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N’écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d’ailleurs, se dire : mon petit,
Sois satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles,
Si c’est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s’il advient d’un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d’en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d’être le lierre parasite,
Lors même qu’on n’est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !
/fdata%2F4481037%2Favatar-blog-1235625196-tmpphpi8oxz2.jpeg){kind=avatar}